mercredi 27 janvier 2010

Emotein: des émotions hypermédiatiques

Après avoir quitté la Terre, l'eau quittera les Hommes. A force de spasmes et de sanglots, les larmes les premières fuiront la sécheresse des coeurs. Impuissants, leurs yeux arides tournés vers le ciel, les Hommes assisteront au départ irrémédiable des larmes en convois de nuages emportant avec elles leurs trésors d'émotions.


emotein propose une expérience esthétique originale qui profite au maximum des capacités multimédias propres à Internet. L’œuvre bilingue (français-anglais) se décline en différents supports médiatiques : le texte, la vidéo, la musique et la photographie qui peuvent être parcourus sur le site Internet ou téléchargés dans une version spécifique pour Ipod.

Le projet a débuté en août 2009 et est toujours en évolution. La démarche se veut avant tout artistique et non pas commerciale. Il s’agit pour les créateurs d’emotein de sortir des sentiers éditoriaux classiques afin de pouvoir laisser libre cours à leur imagination créative, loin de tout objectif commercial. Le projet se développe selon trois axes principaux :

- Une réflexion sur l'évolution de la place des émotions dans le monde.
- Une oeuvre d'anticipation matérialisée par des vidéos, un livre, des photos, des musiques, des objets, un espace de réflexions et de discussions.
- Une expérimentation de l'impact de la fiction sur la réalité.

La réflexion sur la question des émotions est organisée autours d’entretiens réalisés avec des spécialistes provenant de domaines variés comme les biotechnologies, l’Histoire de l'art, la neurologie, la poésie, la psychiatrie ou la sociologie. Les aspects scientifiques des émotions côtoient un traitement plus esthétique et fictionnel qui se révèle notamment dans les quelques photographies et les courtes vidéos réalisées par Arnaud Bezançon. Celles-ci mettent en scène une femme dont les larmes sont prélevées afin de produire l’emotein. On retrouve dans ces images à la beauté très stylisée, les objets créés spécialement pour le projet, soit une robe bustier verte en soie sauvage et les lacrymatoires, réceptacles en verre soufflé destinés à contenir l’emotein. La musique créée spécialement pour les vidéos a été réalisée par Alexandre Sheffer.



La nouvelle, intitulée Le voleur de larme et écrite par Alain Bezançon, développe l’univers fantasmatique propre à l’œuvre. Dans un monde aux relents à la fois post-apocalyptiques et résolument contemporains, les populations semblent sombrer dans une apathie généralisée. Afin de retrouver un semblant d’émotion et par là même d’humanité, une seule solution : consommer de l’emotein, un élixir de sentiment créé à partir de larmes. L’emotein fait l’objet d’un commerce florissant et donne lieu à toutes sortes de trafics : des fermes de larmes d’élevage où sont enfermés des orphelins aux voleurs de larme. Entre la Toscane, la Suisse et la Chine, Alain Bezançon nous offre une fable poétique à l’intrigue résolument originale.

emotein est ainsi une expérience globale qui étend son univers à tous les médias disponibles sur le Web. Il sera sans aucun doute intéressant de suivre la progression de l’oeuvre, au fur et à mesure que du contenu y sera ajouté, d’autant plus que ses créateurs ont pour objectif de la faire sortir du Web, pour donner lieu à des performances, des installation et des débats.

mercredi 6 janvier 2010

Go With The Flow


Parution d'un dossier thématique en collaboration avec Bertrand Gervais intitulé Go With The Flow sur le site du laboratoire NT2.


Le flux est un concept complexe qui touche à des domaines très largement interdisciplinaires. Définir ce qu'est le flux, hors du contexte dans lequel la notion est employée, est difficile. Toutefois, il semblerait que, quelle que soit la nature de ce qui fait flux, c’est le mouvement, le déplacement, ainsi qu’une certaine forme de liquidité (au sens métaphorique du terme) qui caractérisent le concept. Nous chercherons dans un premier temps à appréhender le terme au travers des différents usages qu'en font les philosophes (Platon, Bergson, Husserl, Deleuze et Guattari). Ensuite, nous nous interesserons au cadre plus particulier des oeuvres hypermédiatiques, où la notion de flux n’est plus seulement un concept philosophique pour penser le temps, la connaissance ou la société, mais devient un véritable principe esthétique. Grégory Chatonsky, Alexandra Saemmer et Bertrand Gervais seront les trois figures principales de cette théorisation du flux en hypermédia.

I) Introduction au concept de flux : une approche sémantique et philosophique
II) Les œuvres hypermédiatiques et les esthétiques du flux

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